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Joly: Platon et la médecine

quarta-feira 7 de março de 2018

Tout lecteur de Platon   connaît l’habitude de Socrate, qui, voulant faire admettre une proposition générale, fait appel à des exemples pris dans les arts, les techniques de son temps. Ainsi, dans l’Hippias mineur, quand il veut montrer que l’erreur volontaire est préférable à l’erreur involontaire, Socrate invoque le cas de l’archer, du médecin et du cithariste [1]. Il est très rare que de tels passages ne mentionnent pas la médecine [2] ; il arrive même que la médecine soit seule envisagée, comme dans le Criton [3], le Charmide [4], le Lysis [5], le Protagoras   [6], le Gorgias [7]. Dans d’autres textes encore, la médecine est citée en même temps qu’un autre art, mais elle bénéficie d’un traitement privilégié et le développement qui lui est consacré est le plus ample, comme dans le Charmide encore [8], le Lâchés [9], le Protagoras   [10], mais aussi la République [11] et les Lois [12]. Car ce privilège de la médecine subsiste chez Platon   jusque dans ces Lois où les références médicales sont assez nombreuses [13]. Le trait est si visible qu’il n’a pas échappé aux imitateurs, que ce soit l’auteur du second Alcibiade [14] ou celui des Rivaux [15].

Pour Platon  , la médecine apparaît de prime abord comme la τέχνη par excellence, pourvue d’une méthode ferme, maîtresse [437] d’un savoir éprouvé, comme le proclament déjà si fièrement certains traités hippocratiques.

Mais ce n’est pas uniquement pour cela que la médecine intéresse notre philosophe.

Lui qui allait concevoir,un jour du moins, l’Univers comme un Vivant, avait des raisons particulières d’être attentif à la science du corps humain.

Et ici, il faut se garder de limiter le platonisme au dualisme qui s’exprime dans le Phédon et dans quelques passages postérieurs. Ce n’est là qu’une note extrême dans la symphonie platonicienne. Si le corps s’oppose bien d’une certaine manière à l’âme, s’il est moins réel que l’âme, plus près du non-être, s’il est parfois comparé à un tombeau, à une prison, à la coquille de l’huître [16], il est aussi capable de se laisser bien diriger par l’âme, d’être en harmonie avec elle, d’être digne d’elle. Dans les Lois, il vient au troisième rang des choses dignes d’estime, après les dieux et l’âme [17].

De là, les fréquents parallèles entre le corps et l’âme, qui entraînent ceux de la médecine et de la morale, de la politique, comme dit Platon  .


Ver online : PLATON ET LA MÉDECINE


[1Hippias mineur, 375b.

[2Cf. Lachès, 185b1.

[3Criton, 47b.

[4Charmide, 164a-b.

[5Lysis, 218e sq.

[6Protagoras, 322c.

[7Gorgias, 459b.

[8Charmide, 170b-e.

[9Lachès, 195b.

[10Protagoras, 345a-b.

[11République, I, 341c.

[12Lois, X, 902d.

[13Voici les principaux passages qui font allusion à la médecine. Vol. I (éd. Les Belles Lettres) : 628d ; 638c ; 646c ; 660a ; 661b ; vol. II : 684c-d ; 720a-e ; 722b ; 734b ; vol. III : 798a ; 857c sq. ; 902d ; vol. IV : 916a-b ; 919b ; 932e; 933c-d ; 945c ; Epinomis, 987d.

[14Alcibiade II 139e sq.

[15Rivaux, 134b sq.

[16Gorgias, 493a ; Phédon, 66b ; Phèdre, 250c.

[17Lois, V, 728d.